L’acné, qu’est-ce que c’est?
L’acné est une maladie de peau liée à une stimulation des glandes sébacées (qui produisent du sébum) par les hormones androgènes (masculines). Cet excès de sébum auquel s’ajoute une kératinisation excessive entraine l’obstruction du canal de la glande sébacée, et conduit à la formation de comédons. Ceux-ci sont souvent inflammés, du fait de l’action d’une bactérie présente naturellement sur la peau qui se nourrit de sébum (Cutibacterium acnes).
Cette maladie apparait souvent à l’adolescence, au moment des modifications de profil hormonal.
Il existe une prédisposition génétique à l’apparition d’acné. Le stress est également un facteur prédisposant. On peut noter que les populations ayant un mode de vie de type occidental sont plus sujettes à cette maladie.
En ce qui concerne l’alimentation, elle ne joue aucun rôle dans l’apparition des symptômes, mais elle peut les aggraver.
Les facteurs alimentaires qui impactent la maladie
Il existe peu d’études d’intervention permettant de déterminer de façon claire les interactions alimentation/acné.
Néanmoins, certaines hypothèses semblent intéressantes, sur la base de la physiopathologie de l’acné.
Comme je l’ai expliqué en introduction, le développement de l’acné est lié à 4 effets :
- l’hyper séborrhée
- l’hyper kératinisation
- l’inflammation
- la prolifération de Cutibacterium acne
Or ces 4 effets peuvent être plus ou moins impactés par l’alimentation.
Ce qui est plutôt établi
L’inflammation
Elle peut en effet être modulée grâce à une bonne répartition des acides gras insaturés dans l’alimentation. Les acides gras de la famille des oméga 6 sont plutôt pro-inflammatoires. Ceux de la famille des oméga 3 sont plutôt anti-inflammatoires. Or, l’alimentation occidentale est déficitaire en oméga 3 et trop riche en oméga 6.
Il s’agirait donc de diminuer les apports en oméga 6, mais surtout d’augmenter les apports en oméga 3 pour atteindre 2 à 3 g par jour environ. Il faudra donc trouver des sources d’oméga 3 qui n’apportent pas dans le même temps trop d’oméga 6. On pourra donc se tourner vers l’huile de lin, de colza, les poissons gras (sardine, maquereau, thon, saumon, hareng par exemple), les noix, certains végétaux comme la mâche, les épinards (et globalement les légumes feuilles), et les inclure très régulièrement dans l’alimentation (quotidiennement pour les huiles, à raison d’une cuillère à soupe au moins).
Les IGF1
Les Insulin-like Growth Factor sont des facteurs de croissance, qui interviennent sur l’hyper séborrhée et l’hyper kératinisation. Ces molécules sont synthétisées par le foie, sous l’influence d’autres hormones, dont notamment l’insuline. Celle-ci joue un rôle majeur dans le contrôle de la production d’IGF1, ces deux molécules contrôlant le taux de glucose dans le sang. Des glycémies élevées entrainent une augmentation de la sécrétion d’insuline, et par voie de conséquence, des IGF1. L’alimentation conseillée devra permettre de limiter les augmentations brutales de glycémie après les repas. Ceux-ci devront être suffisamment complets (c’est-à-dire comprenant des aliments de différentes familles), afin de complexifier la phase digestive, et donc de l’allonger, entraînant par voie de conséquence un passage du glucose dans le sang plus lent, évitant ainsi les pics glycémiques.
Les féculents raffinés, pourront être remplacés par des produits semi-complets ou complets, plus riches en fibres, ce qui permettra là encore de ralentir le passage du glucose dans le sang.
Il est également conseillé d’éviter la consommation excessive de boissons sucrées (surtout hors repas), et de produits ultra-transformés, dont la structure des nutriments glucidiques est elle-même altérée, entrainant là encore une digestion excessivement rapide.
Ce qui mérite d’être confirmé
La synthèse des IGF1
Elle peut également être modulée par certains facteurs alimentaires : des apports protéiques élevés pourraient être à l’origine d’une augmentation de la concentration sanguine d’IGF-1, sans doute par le biais de la teneur en leucine (un acide aminé branché indispensable) de ces protéines.
Les produits animaux sont plus riches en leucine que les produits végétaux, et c’est le lait qui en contient le plus. Cela dit, la leucine est plus présente dans les protéines solubles du lait, qui sont en partie éliminées lors de la fabrication des fromages, pendant l’étape d’égouttage.
En synthèse de ce paragraphe, il faudrait être attentif à la quantité de produits animaux consommés quotidiennement, on peut proposer une ration moyenne de 100 à 150 g de viande, poisson ou œufs (en n’oubliant pas de consommer régulièrement des poissons gras – voir plus haut), 2 produits laitiers par jour (dont un sous forme de fromage) : ces recommandations correspondent en réalité à celles du Plan National Nutrition Santé !
Autre axe de réflexion
Il porte sur la limitation de la prolifération de Cutibacterium acne : il semblerait que l’équilibre de la flore intestinale puisse être un facteur limitant cette prolifération. Une dysbiose intestinale augmenterait la sévérité de l’acné. La prise de probiotiques pourrait être testée, en veillant à que ces probiotiques intègrent lactobacillus rhamnosus (qui aurait un impact sur la diminution des IGF1).
En résumé
- des repas complets, avec plusieurs familles d’aliments représentées : féculents, légumes et fruits, viande/poisson/œufs, produit laitier sur deux repas, et des matières grasses (plutôt colza, lin : 1 c. à soupe)
- du poisson gras deux fois par semaine
- limiter les consommations d’aliments ultra-transformés
- limiter la consommation de boissons sucrées, de biscuits, bonbons, glaces et si consommation : plutôt dans les repas que seuls en collation
Sources
Burris J, Rietkerk W, Woolf K. Acne: the role of medical nutrition therapy. Journal of the academy of nutrition and dietetics, 2013;113(3): 416-430
ANSES, Étude des liens entre facteurs de croissance, consommation de lait et de produits laitiers et cancers, Avis de l’Anses, Rapport d’expertise collective, avril 2012 – https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2009sa0261Ra.pdf
Baldwin H, Tan J. Effects of Diet on Acne and Its Response to Treatment. Am J Clin Dermatol. 2021 Jan;22(1):55-65